Sommaire
- Introduction
- Allemagne : la logique de gestion des risques liés aux modules dans un marché mature
- Italie : les exigences d’adaptation des modules dans un marché dominé par les toitures
- France : le choix des modules sous contraintes réglementaires et systémiques
- Conclusion
Introduction
Les évolutions clés du marché photovoltaïque européen en 2026 ne portent pas tant sur la demande d’installations que sur le fait que le choix des modules influence désormais directement la capacité des projets à être menés à bien.
Dans un contexte marqué par des changements des conditions de raccordement, des prix de l’électricité et des politiques publiques, les modules ne sont plus de simples postes de coût, mais deviennent des variables déterminantes du rythme d’exécution des projets et de la prévisibilité des revenus.
Ces évolutions ne se manifestent pas de manière uniforme selon les marchés européens. À travers quelques pays représentatifs :
- Allemagne : le durcissement des conditions de raccordement et la hausse de la fréquence des prix négatifs font de la capacité réelle des modules à être injectée et valorisée sur le réseau un enjeu central ;
- Italie : les contraintes des toitures, les environnements à haute température et le rythme d’application des politiques déterminent la déployabilité des modules et leur adéquation sur le long terme ;
- France : les exigences réglementaires et la compatibilité avec les systèmes conditionnent directement l’intégration des modules dans les projets et leur capacité à assumer des responsabilités à long terme.
L’analyse de ces marchés montre qu’en 2026, les critères de sélection des modules photovoltaïques en Europe évoluent d’une logique de comparaison de paramètres isolés vers une évaluation globale intégrant l’adéquation au raccordement, l’adaptation aux scénarios d’usage et la maîtrise des risques à long terme.

Allemagne : la logique de gestion des risques liés aux modules dans un marché mature
Tendance 1 : sous les contraintes de raccordement et de puissance, la valeur par unité de surface prime sur la puissance nominale
Le marché allemand des modules photovoltaïques est déjà très mature. Dans les projets sur toiture, la contrainte principale est passée de la capacité installable à la puissance effectivement raccordable. Dans certains cas, les systèmes de petite et moyenne taille restent soumis à une limitation de production à 70 %, et lors du raccordement de nouveaux projets, de plus en plus de régions retiennent la capacité de raccordement comme critère d’autorisation, plutôt que la puissance totale des modules.
Dans ces conditions, l’augmentation continue de la puissance crête nominale des modules ne se traduit pas proportionnellement par une hausse de l’énergie valorisable. Les périodes de forte production déclenchent plus facilement des limitations ou des écrêtages, et l’excédent de puissance ne peut pas être comptabilisé dans la facturation, ce qui restreint nettement la production réellement exploitable.
Le marché allemand accorde ainsi une attention croissante à l’énergie produite par unité de surface et à la capacité des modules à maintenir leur puissance en conditions réelles de fonctionnement, plutôt qu’à un simple indicateur de puissance crête STC.
Tendance 2 : la généralisation des prix négatifs fait de la courbe de production un indicateur clé
Avec l’augmentation continue de la part du photovoltaïque dans le mix électrique, les prix de l’électricité en milieu de journée, lors des pics de production, sont fortement comprimés en Allemagne, et la fréquence des prix négatifs ne cesse d’augmenter. Les périodes de production maximale perdent progressivement leur avantage économique.
Dans ce contexte, la valeur d’un module ne se limite plus à sa puissance de pointe, mais dépend de la concentration ou non de la production. Les modules capables de maintenir une production en conditions non idéales — températures élevées, faible luminosité — favorisent des courbes de production plus lissées, réduisant la part de l’énergie produite pendant les plages horaires à faible prix, par opposition à des pics de production très courts.
Tendance 3 : la fiabilité à long terme devient un préalable au financement et à l’assurance
Sur le marché allemand, la stabilité à long terme des modules est désormais directement intégrée dans les critères d’évaluation des financements et des assurances. Les banques et assureurs ne se concentrent plus uniquement sur les modèles théoriques de rentabilité des projets. Toute incertitude liée aux modules se répercute en amont sur les conditions de financement et les clauses d’assurance, modifiant ainsi la structure globale du risque du projet.
Les modules photovoltaïques passent ainsi du statut d’équipements interchangeables à celui de facteurs de risque centraux pour la finançabilité et l’exécutabilité des projets. Dans la pratique, cette évolution accroît l’intérêt porté aux technologies de type N (telles que TOPCon ou HJT), qui présentent de meilleures performances en matière de maintien de la puissance et de dégradation sur le long terme, notamment pour les projets considérés comme des actifs à long horizon.
Tendance 4 : la standardisation et l’exhaustivité des certifications deviennent des seuils d’accès au marché
Dans un marché allemand fortement standardisé, les normes IEC, les certifications TÜV et autres référentiels sont devenus des prérequis pour l’accès aux projets dominants, et non plus des éléments de différenciation. Les achats de modules évoluent d’une logique de concurrence sur les paramètres vers une approche axée sur la standardisation et la compatibilité avec les systèmes.
Plutôt que la recherche de performances extrêmes, les solutions de modules pouvant être réutilisées sur différents projets et s’intégrant étroitement aux règles de raccordement existantes et aux configurations des systèmes sont plus facilement acceptées par le marché. Cette tendance réduit les incertitudes lors de l’exécution des projets et améliore la reproductibilité des solutions de modules dans les déploiements à grande échelle.

Italie : les exigences d’adaptation des modules dans un marché dominé par les toitures
Tendance 1 : sous les contraintes des toitures, les dimensions des modules et l’efficacité doivent être considérées conjointement
Sur le marché italien, de nombreuses toitures commerciales et agricoles présentent des formes irrégulières, une forte densité de poutres et de poteaux, ou des limites de charge, faisant des dimensions et du poids des modules des contraintes déterminantes pour le déploiement réel. Dans la majorité des projets, la puissance des modules pouvant être installés de manière fiable se situe principalement dans la plage de 500 à 600 W. Les modules de grande taille de 650 à 700 W ne constituent pas une solution universelle : ils sont surtout avantageux sur des toitures commerciales à structure régulière et à capacité portante suffisante, leur pertinence dépendant fortement des conditions structurelles spécifiques.
Dans ce contexte, la simple recherche d’une puissance unitaire plus élevée ne permet pas d’augmenter proportionnellement la capacité installée globale. En pratique, les modules de type N à haut rendement facilitent souvent une meilleure couverture et une disposition plus rationnelle sur des toitures soumises à des contraintes de dimensions et de poids, devenant progressivement un critère de choix important sur le marché italien.
Tendance 2 : les environnements à haute température accentuent les écarts de stabilité thermique des modules
Les étés italiens se caractérisent par des périodes prolongées de fortes chaleurs, faisant du fonctionnement à haute température une condition courante pour les modules. Par temps ensoleillé, la température de fonctionnement des modules sur toiture atteint fréquemment 60 à 70 °C, bien au-delà des 25 °C des conditions de test standard.
Dans ces conditions, les différences de performance entre modules sont nettement amplifiées. Avec l’augmentation continue des capacités installées et de l’irradiation solaire, le coefficient de température et la capacité à maintenir la puissance à haute température deviennent des critères essentiels pour évaluer l’énergie réellement exploitable. À l’horizon 2026, les technologies HJT et les structures TOPCon à cellules en tiers (1/3-cut), plus stables en environnement chaud, suscitent davantage d’intérêt pour ces applications.

Tendance 3 : le durcissement des politiques réduit la marge de tolérance dans le choix des modules
Dans les projets sur toiture en Italie, les modules doivent généralement être arrêtés dès les phases initiales, car la disposition du système, les vérifications de charge et la configuration électrique dépendent fortement de leurs caractéristiques. Avec l’avancement des politiques 2025–2026, les exigences de conformité des modules se renforcent : par exemple, la loi de finances 2026 réserve certaines incitations fiscales aux modules à haut rendement fabriqués en Europe, tandis que le crédit d’impôt Transizione 5.0 de 2025 accroît également les avantages pour les modules produits dans l’UE.
Dans ce contexte, le poids de la conformité réglementaire et de la constance des performances dans la sélection des modules augmente sensiblement. Les solutions capables de rester conformes sur différentes fenêtres politiques et d’offrir des performances prévisibles répondent davantage à la recherche de certitude du marché actuel.
Tendance 4 : la hausse de l’autoconsommation fait de la stabilité de production un critère clé
Avec l’augmentation de la part des projets orientés vers l’autoconsommation, le photovoltaïque en Italie est de plus en plus utilisé pour l’écrêtage des pics et la réduction des coûts, plutôt que pour la seule injection sur le réseau. Cette évolution modifie directement la manière d’évaluer la valeur des modules.
Dans des modèles de déploiement centrés sur l’autoconsommation, l’adéquation entre les modules et le profil de charge du site influence désormais le rendement final. Dans de nombreux projets de toitures commerciales et industrielles, le taux d’autoconsommation diurne se situe entre 60 et 80 % ; la capacité des modules à fournir une production continue pendant les principales périodes de consommation revêt alors une importance plus concrète que la simple augmentation de la puissance installée.
France : le choix des modules sous contraintes réglementaires et systémiques
Tendance 1 : les exigences réglementaires et d’intégration au bâti élèvent le seuil d’adaptation des modules
En France, les modules photovoltaïques sont de plus en plus intégrés à l’enveloppe du bâtiment dans de nombreux projets. Avec la montée en puissance des projets BIPV et l’augmentation de la part du photovoltaïque dans les bâtiments publics, les modules ne sont plus de simples équipements de production ajoutés aux constructions, mais doivent simultanément répondre aux exigences des réglementations du bâtiment, de la sécurité incendie et de l’énergie.
Conformément à la réglementation française RE2020 sur la performance énergétique des bâtiments et aux pratiques observées dans les projets publics, la structure des modules, les méthodes de montage et les classes de réaction au feu sont devenues des éléments clés de l’évaluation de conformité. La capacité des modules à s’intégrer harmonieusement aux systèmes constructifs influence désormais directement les parcours d’autorisation et la faisabilité des projets.
Tendance 2 : le poids de la qualité, de la durabilité et des certifications continue d’augmenter
Le marché français se caractérise depuis longtemps par des exigences élevées en matière de qualité et de certification des modules photovoltaïques. Dans les projets publics comme commerciaux, les modules doivent non seulement être conformes aux normes IEC, mais aussi satisfaire à des critères plus stricts en matière de sécurité incendie, de durabilité et de qualité, souvent directement liés aux dispositifs d’assurance.
Avec l’augmentation de la part des projets publics et des actifs détenus sur le long terme, la constance des performances des modules sur la durée devient une condition de base dans le processus de sélection. Les solutions capables de fournir des certifications complètes et de maintenir des performances stables sur le long terme sont plus facilement intégrées aux configurations de projets dominants.

Tendance 3 : une demande de puissance maîtrisée, l’adaptabilité avant tout
Contrairement à certains marchés privilégiant des puissances unitaires extrêmes, la demande française en modules reste relativement mesurée en termes de puissance. Le marché accorde davantage d’importance à la compatibilité des modules avec les configurations existantes, les normes électriques et les structures des bâtiments, plutôt qu’à la seule augmentation de la puissance nominale.
Dans les applications concrètes, les dimensions des modules, les configurations de chaînes et l’adéquation au système jouent souvent un rôle plus déterminant que la puissance crête d’un module pris isolément. Les solutions capables de s’intégrer sans difficulté aux systèmes existants, tout en réduisant la complexité de conception et les risques d’exécution, sont ainsi privilégiées.
Tendance 4 : dans une perspective d’exploitation à long terme, la fiabilité des modules devient un indicateur central
Les projets photovoltaïques en France se distinguent généralement par des cycles d’exploitation longs et des schémas de maintenance bien définis. Une fois mis en service, les modules influencent durablement le fonctionnement du projet. Dans cette logique, ils ne représentent plus uniquement un coût d’investissement initial, mais un élément à part entière de la gestion d’actifs à long terme.
Les modules capables de maintenir des performances stables sur de nombreuses années et de limiter les interventions de maintenance répondent davantage aux exigences du marché français en matière de durabilité opérationnelle.
Conclusion
À l’approche de 2026, la perception des modules photovoltaïques sur le marché européen évolue profondément. Ils ne sont plus considérés uniquement comme des outils d’augmentation de la capacité installée, mais sont de plus en plus évalués dans une logique globale intégrant les systèmes de raccordement, les structures du bâti et la gestion des actifs à long terme.
Dans un contexte de contraintes de raccordement, de volatilité des prix de l’électricité et d’augmentation de l’autoconsommation, les dimensions, l’efficacité, le comportement thermique et la capacité de maintien de la puissance des modules influencent directement la part de production pouvant être effectivement absorbée par les systèmes. L’augmentation de la puissance nominale ne se traduit pas nécessairement par une hausse équivalente de l’énergie valorisable, et impose au contraire des exigences accrues en matière de stabilité de la courbe de production.
Parallèlement, les contraintes réelles liées à la portance des toitures, aux environnements à haute température, aux exigences de sécurité incendie et aux réglementations du bâtiment font de la structure des modules, du contrôle du poids et de l’exhaustivité des certifications des conditions préalables à la concrétisation des projets. Les modules ne constituent plus un choix ajustable en phase finale, mais des paramètres clés à verrouiller dès les premières étapes du projet.
Dans une perspective de long terme, la constance des performances, les trajectoires de dégradation et la fiabilité des modules sont désormais intégrées aux évaluations de risque des dispositifs de financement et d’assurance. Ainsi, en 2026, la question centrale du choix des modules photovoltaïques en Europe ne porte plus sur une simple comparaison de paramètres, mais sur la capacité de certaines caractéristiques à générer, dans des scénarios d’application spécifiques, des performances systémiques plus stables et plus prévisibles.
Maysun Solar est solidement implantée sur le marché européen et fournit aux partenaires de gros et de distribution une gamme diversifiée de modules avec une capacité d’approvisionnement stable, couvrant les principales technologies telles que IBC, TOPCon et HJT. Dans un contexte où les rythmes de déploiement se resserrent et où les fenêtres d’opportunité deviennent plus limitées, nous mettons l’accent sur les performances réelles des modules en termes de puissance par unité de surface, de stabilité de production et d’adéquation aux systèmes, afin d’aider nos partenaires à réaliser des projets maîtrisés et à générer des rendements durables.
Références
SolarPower Europe. EU Market Outlook for Solar Power 2024–2028. 2024.
https://www.solarpowereurope.org/insights/market-outlooks/
pv magazine Germany. Germany adopts “Solarspitzen” rules limiting feed-in support during negative prices. 2024.https://www.pv-magazine.com
pv magazine Italy. Iperammortamento 2026: continuità degli incentivi e orientamento alla transizione energetica. 2025.https://www.pv-magazine.it
ENTSO-E. Transparency Platform – Electricity prices and market data. 2024.
https://transparency.entsoe.eu/
European Commission. REPowerEU Plan and Renewable Energy Directive (RED III). 2023–2024.https://energy.ec.europa.eu/
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